12 | Jean-Philippe Hémery | Galerie de portraits des sans-abri nazairiens

L’ÉCHO DE LA PRESQU’ÎLE VENDREDI 18 DECEMBRE 2015

SUR LE WEB. Galerie de portraits des sans-abri nazairiens

Jean-Philippe Hémery a photographié des hommes et des femmes vivant dans les rues de Saint-Nazaire. Une galerie de portraits intitulée « Boulevard de la Fraternité ».

Ils se fondent dans le paysage urbain, presque invisibles. Pourtant leurs visages nous sont familiers. C’est d’ailleurs ce qui saute aux yeux lorsque l’on clique sur le site internet Boulevard de la fraternité, une galerie de portraits de femmes et d’hommes des rues nazairiennes,signée du photographe Jean-Philippe Hémery.

« Arrêtez-vous, regardez-les »

« Je ne suis pas très paysage. Moi, c’est plutôt l’humain », sourit Jean-Philippe Hémery qui vient de poser ses valises au Garage, ce nouvel espace dédié aux créateurs, à deux pas des Halles. En 2010 et 2011, il est parti à la rencontre des femmes, des hommes, parfois de très jeunes adultes. Ils ont en commun d’avoir élu domicile dans la rue. Sur le site Boulevard de la Fraternité, Jean-Philippe Hémery explique en préambule sa démarche « ils sont là, dans la rue, de plus en plus nombreux. Arrêtez-vous, regardez-les. Je ne leur ai pas volé ces clichés, je les partage avec eux ».

Surpris et contents

Ce travail a duré deux ans. « J’allais les voir et d’abord on discutait. Je leur expliquais qui j’étais, ce que je voulais faire. Ensuite, ils acceptaient ou pas que je les prenne en photo, certains contre des cigarettes, quelques pièces, le plus souvent rien. En échange je leur offrais un agrandissement. Certains ont accepté d’être photographiés mais vis-à-vis de leur famille, ils ne voulaient pas être publiés. Globalement j’ai eu un accueil très favorable. Ils étaient surpris de la démarche et surtout contents d’être considérés comme des personnes, d’exister même à travers une photo. Ils m’avaient intégré à leur milieu ».

155 000 vues

Ces femmes et ces hommes ont alors pris volontiers la pose, offrant un regard saisissant, souvent souriant. « Mais c’était très difficile de savoir pour quelles raisons ils s’étaient retrouvés à la rue. C’est un sujet compliqué à aborder. Je sentais bien que ce n’était pas possible. Il y avait beaucoup de pudeur ». Des personnages l’ont particulièrement marqué comme Bruno dit  « nono », décédé dans de troublantes circonstances en 2011. Les Nazairiens n’ont pas oublié ce quinquagénaire en fauteuil roulant, à la santé plus que précaire. Jean-Philippe l’a rencontré. « Il ne parlait déjà presque plus. Mais il a accepté d’être photographié contre des cigarettes ». C’est d’ailleurs ce cliché qui ouvre le site internet. La fille de Bruno a mis un commentaire remerciant le photographe. D’autres internautes ont été touchés par cette galerie singulière aux 155 000 vues. L’un d’eux, Manou, raconte une anecdote. Georges, l’un des hommes photographiés, lui a donné 10 €, recette de sa manche un 24 décembre parce qu’elle était elle aussi dans la dèche. « Cette expérience m’a marqué. Ils m’ ont appris beaucoup de choses  sur l’humilité. C’était vraiment enrichissant. J’espère que cela l’a été pour eux aussi », témoigne Jean-Philippe Hémery.

Bientôt un livre ?

Dès le début, le photographe avait en tête de publier un livre. Le titre était trouvé : Boulevard de la Fraternité. « Les bénéfices auraient été reversés à une association caritative, pas question pour moi de faire de l’argent sur leur dos. Mais le projet était trop onéreux, j’ai laissé tomber ». Alors Jean-Philippe Hémery a réalisé des agrandissements et les a exposés, notamment à la Cité sanitaire. Il compte les présenter à nouveau au Garage l’année prochaine et n’a pas perdu l’idée de sortir un livre. « Je cherche un mécène ». — Cathy Ryo

lire: Boulevard de la Fraternité

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