16 | Jérémy Gabard | L’histoire de la musique nazairienne dans un livre | Ouest-France | Lundi 18 juillet 2016

Jérémy Gabard tenant en main le 45 tours de la bande originale du film « Le Bonheur est pour demain », tourne à Saint-Nazaire. Un objet devenue rare. On y voit le musicien Henri Crolla accompagné de Jacques Higelin.

Dans années 50-60, l'arrivée de musique électrique US est un coup de tonnerre pour la scéne locale. Comme pour l'accordéoniste de bal Jimmy Mulot qui met très vite du rock dans son musette.

Dans années 50-60, l’arrivée de musique électrique US est un coup de tonnerre pour la scéne locale. Comme pour l’accordéoniste de bal Jimmy Mulot qui met très vite du rock dans son musette.

Difficile de remonter avant 1850. « C’est la vraie naissance de la ville avec le creusement du grand bassin et le développement industriel, » explique Jérémy Gabard.

L’ancien patron des Martins-Pêcheurs travaille depuis 5 ans sur L’histoire de la musique à Saint-Nazaire. II publiera un livre de 250 pages, illustré et très documenté, en 2017. Les deux tiers de l’ouvrage sont déjà rédigés. « Cette histoire n’a jamais été écrite et pourtant, elle est extraordinaire, » explique-t-il.

À la fin du XIXe il faut imaginer une cité qui travaille dur et dont le quotidien est rythme par les chants populaires. A l’opposé, la société bourgeoise fait vivre une musique classique, inaccessible au grand public. Les deux cultures ne se mélangent pas.

« À partir de 1900. pourtant, par choix politique, la Ville se met à subventionner des écoles de musique privées qui doivent en retour proposer des tarifs très bas pour les ouvriers. » La musique écrite, enfin, se démocratise. Et de grands concerts publics commencent à animer Saint-Nazaire. On recense même 750 pianos dans une ville qui ne fait que 25 000 habitants. Énorme.

Saint-Nazaire, porte d’entrée du jazz en Europe

La seconde étape marquante de cette épopée est l’arrivée des Américains en 1917. « 30 000 soldats s’installent dans une ville qui compte aussi 30 000 habitants : l’influence culturelle est colossale ». En particulier grâce aux musiciens afro-américains et leur maîtrise du ragtime, un style révolutionnaire.

« Ils ont beau jouer dans les fanfares militaires, leur sers du swing prend le dessus. La version de La Marseillaise, joué par l’ochestre de James Reeses Europe, fait sensation chez les Français ! »

Sur le port, les 6 000 dockers US ne sont pas en reste. Beaucoup se retrouvent pour jouer de la musique après le travail. Une formation s’ap-pelle même Saint-Nazaire Band. Avec ces milliers de musiciens américains qui passent par Saint-Nazaire, c’est tout simplement le jazz qui entre en Europe. Après guerre. le passage des paquebots transatlantiques n’a aucune influence sur la musique locale. Mais un nouveau coup de tonnerre frappe la ville en 1945-1946 quand les Americains reviennent. « Ils ont avec eux des instruments électriques et amplifiés qui leur permet de jouer au rock, c’est la grande claque ! »

Ces boys restent jusque dans les années soixante et font des émules. « J’ai pu interviewer les frères Hemery qui bricolent eux-mêmes leurs guitares électriques et montent leur groupe. Avenue de la République, le magasin Gil radio vend des disques mais possède aussi son studio d’enregistrement. »

La musique prend un essor sans précédent dans la ville. Les musiciens qui animent les bals glissent leur propres compos qui sonnent de plus en plus rock. L’un des plus connu est Jimmy Mulot, pourtant accordéoniste. Le dernier palier est 1981 l’arrivée des radios libres et du phénoménal coup d’accélérateur culturel qu’elles provoquent. Les groupes se multiplient à Saint-Nazaire. Aujourd’hui encore, ils sont encore près d’une centaine, connue ou non. — Thierry HAMEAU

Contact : gabardjeremy©free.fr /  tel: 06 40 23 24 01

Tube français de 1890

En 1890, Saint-Nazaire, qui est une petite ville, commence à faire parler d’elle grâce aux auteurs Paul Courtois (musique) et Alexandre Trébitsch (paroles). La chanson qu’ils ont écrites a pour titre Ousqu’est Saint-Nazaire ? et est interprétée par André Maréchal. Dans un genre appelé à l’époque « fumisterie militaire », la chanson est un véritable succès populaire. Le texte raconte l’histoire d’un régiment perdu ayant quitté Pont-à-Mousson pour rejoindre Saint-Nazaire mais qui, après deux mois de marche, n’a toujours pas trouvé sa destination. Haletants et totalement éreintés, les soldats ,interrogent à tue-tête: » Oùs qu’est Saint-Nazaire, c’est pour sûr au bout de la terre, en Chine ou bien au Congo… ».

C’est la grande époque du music-hall et cette « galère » des miliaires amuse le grand public. La chansons se termine même ainsi:  » Et l’plus amusant d’l’affaire, c’est qu’l’on n’sait pas actuellement c’qu’est d’venu l’régiment »

La chanson est d’abord imprimée sur un cylindre (un tube) puis sur un disque lorsqu’elle est reprise par d’autres interprètes durant les décennies suivantes.

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