Originaire de Saint Nazaire, j’y ai également vécu la majeure partie de ma vie. Je n’ai pas toujours aimé ma ville. Bien au contraire. Notamment à la fin de mon adolescence. Je voyais Saint Nazaire comme une ville morte et terne. Sans permis ni voiture, je rêvais de m’évader, de trouver un endroit plus dynamique, plus vivant. Ce que je fis quelques années après.
Cet éloignement de ma ville natale me fit prendre conscience que Saint Nazaire n’était pas si terrible. Que j’avais diabolisé ma commune injustement. J’y suis revenu en 2011 avec grand plaisir. Ma famille, mes amis y sont présents. La mer aussi ! L’hiver n’est peut-être pas très animé mais l’été beaucoup de choses et d’événements ont lieu à Saint Nazaire ou aux alentours. Ces quelques années en dehors de la cité portuaire m’ont permis de revoir ma relation avec la ville.
Malgré sa proximité avec l’eau ( Loire, océan, marais ) très souvent mise en avant, Saint-Nazaire possède un côté repoussant, inesthétique, paraissant sans intérêt. Son architecture sobre et utilitaire dû à la reconstruction d’après guerre et son côté industriel sont sans doute en cause.
Je ne vois plus Saint-Nazaire de la même manière. Son architecture évolue depuis quelques années avec des nouveaux bâtiments jouant sur les textures et le graphisme. Mon œil de photographe détecte l’harmonie et le singulier tant dans les lieux les plus connus des Nazairiens que les plus anodins.
La rencontre avec la photo eut lieu lors d’un voyage en Australie. Mon retour près du pont m’a fait aimer la ville portuaire, la ville industrielle, la ville côtière, la ville rurale. La photo m’a appris à regarder. A admirer, scruter. Elle m’a donné la fébrilité de sortir découvrir le monde ou le redécouvrir. Avec un autre œil, débusquer des détails insignifiants, insolites, apprécier les ambiances pluvieuses, venteuses les coups de corne de brume dans le lointain… Tout est spectacle, il suffit d’ouvrir les yeux.
Ce que je propose, c’est un voyage local. Montrer ce que je perçois au plus près, dans mon environnement direct, le plus commun. Celui que nous croyons connaître depuis toujours parce que nous y sommes nés. Ou celui qui nous paraît des plus banals, ordinaire ou sans intérêt. Je voudrais surprendre les Nazairiens, qu’ils se disent : « J’habite juste à côté et je ne l’ai jamais vu ! » ; « Je connais cet endroit mais pas sous cet angle, pas dans cette humeur ». Cela peut paraître prétentieux, mais mon but est de changer le regard des habitants sur la ville. Qu’ils se risquent à aller voir là où ils n’ont pas l’habitude d’aller, d’oser ne rien trouver, d’oser découvrir.
La série présentée au Garage à été commencée il y a plusieurs années. La totalité des sorties photos réalisées ces 3 derniers mois à été effectuée dans le cadre de ce travail. Mon souhait est de montrer aussi des images récentes, spécialement conçues pour l’exposition.– Matthieu Lumen
Expos précédentes
- 2013 : L’Appart, St Nazaire
- 2014 : Trophée jeune talents, salle J. Brel
- 2014 : Frédéric R, Coiffeur à St Nazaire
- 2015 : Les Lunettes de Vanina, opticien, St André des Eaux
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